Actualités publiques

Un p’tit quelque chose dans l’air normand

Par LENY LEFEBVRE, publié le mardi 3 mai 2022 14:26 - Mis à jour le mardi 3 mai 2022 14:26
CamScanner 04-26-2022 13.12.jpg
Notre bel air normand n’est pas parfait. Parlons-en avec les interviews de Monsieur Legrand du GIEC normand et Madame Joly, professeur d’Anglais à Pablo Picasso.
Présentation des faits

48 000 décès par an en France ! C’est le chiffre qui correspondant au nombre de morts par an dans notre pays à cause de la pollution atmosphérique, 3ème cause de décès en France. Alors notre air en Normandie est-il lui aussi dégradé ?

D’après le site atmonormandie.fr, en 2020 pour les mois allant de mars à août, on compte 4 alertes et 4 procédures d’information et de recommandation au total. En 2021, il y a eu 2 procédures d’information et de recommandation, une en janvier et une en avril. L’année 2022 vient de commencer, mais plusieurs procédures d’information et de recommandation ont déjà eu lieu. Il y a eu au total 4 procédures d'information et de recommandation pour deux alertes en Seine-Maritime. En 2020, malgré le confinement, de nombreuses alertes ont été recensées.

Les relevés autour du Havre sont pour la moyenne annuelle de 2 microgrammes pour le dioxyde de souffre ; pour l’ozone nous avons des relevés de 58 microgrammes par m³ ; et en moyenne annuelle pour les PM10 gt (un regroupement de microparticules toxiques), nous comptons 17 microgrammes par m³. Au Havre on peut trouver comme polluant les PM10 , les PM2,5 et l’oxyde d’azote. Sachant que la limite est de 50 microgrammes pour les pm10gt et de 25 microgrammes pour les pm2,5.

Pour mesurer les polluants, il faut 50 points de mesure aux alentours. Afin que leurs valeurs soient comparables (fiables), les mesures doivent être faites avec la même méthode. Les experts du GIEC* ont des modèles de pollution de l’air et ils peuvent cartographier les émissions comme pour la météo.

Les procédures d’alerte à la pollution

Pour lancer une alerte, il faut que la quantité de polluants suivis dépasse un seuil. Si c’est le cas on envoie les informations à la préfecture pour lancer une alerte le lendemain, mais on ne lance pas une alerte automatiquement. Il y a deux niveaux : en premier les procédures d’information et de recommandation (si on remarque une augmentation à risque) ; ensuite on lance une alerte quand on observe un pic soudain (ou si cela dure sur le long terme). Mais même si tout cela est très surveillé, il y a des alertes non lancées (alors qu’il en aurait fallu une) et d’autres qui sont lancées sans besoin particulier. Il faut retenir que ce n’est pas le Giec qui lance ces alertes, il donne juste les éléments scientifiques concernant les alertes et les procédures. Atmo Normandie fait quant à lui des prévisions. On lance aussi des alertes pour que les personnes sensibles (asthmatiques, âgées...) soient vigilantes.

L’activité humaine en cause

Les principales sources de polluants sont les usines et les transports. Selon le cas l’un ou l’autre est le plus important, mais ils ne sont pas les seuls, il y a aussi le résidentiel tertiaire, la biomasse et l’agriculture. Le CO2 est l'un des principaux gaz à effet de serre. Son émission est liée à toute l'activité humaine consommatrice d'énergie (ainsi que la respiration !). L'ammoniac (NH3) provient essentiellement de rejets organiques de l’élevage (comme les Nox : oxyde d’azote et NO : monoxyde d’azote et NO2 : dioxyde d’azote). Il peut également provenir de la transformation d’engrais azotés épandus sur les cultures. Sous forme gazeuse, il peut être émis dans l’industrie pour la fabrication d’engrais.

Cette carte du GIEC nous permet de découvrir les endroits qui ont été les plus pollués au NO2 (carte ci-dessus) et aux particules fines (carte ci-dessous) en 2019

Quelles sont les conséquences ?

Monsieur Legrand, directeur adjoint d’Atmo Normandie, apporte au GIEC* son expertise sur l’impact du changement climatique et sur la qualité de l’air. C’est par ailleurs un domaine dans lequel beaucoup d’études sont menées, mais une infime partie de ces études est connue du grand public. Malgré les nombreux rapports, une grande incertitude demeure. Les experts du GIEC savent qu’il va faire plus chaud et que certaines espèces vont migrer vers le nord comme l’ambroisie (elle vient du sud et migre vers le nord). Son pollen est très allergène.
La pollution a des conséquences sur les habitants : maladies dégénératives, troubles cognitifs ou maladies chroniques.
Les maladies les plus fréquentes causées par la pollution de l’air sont : les maladies cardiovasculaires (les maladies du cœur et des vaisseaux sanguins) ; le cancer des poumons ;  des maladies chroniques des poumons (comme la bronchite chronique).

Ce qui peut aider

La pollution est quelque chose d’important à traiter. Pour cela, on peut faire de petites actions importantes comme pour les trajets. L’une des première causes de la pollution de l’air est la voiture. Pour y remédier il est recommandé de prendre le vélo. «Je prends le vélo pour me déplacer mais aussi pour faire du sport et par économie et bien sûr pour l’environnement » déclare Mme Joly, professeur d’Anglais au collège Pablo Picasso. « Pour me rendre au travail, cela me prend 15 min en voiture et 30 en vélo. Je parcours exactement 5,4 kilomètres en vélo » précise-t-elle. « Je pense aussi qu’à peu près 90% de la population utilise la voiture pour un trajet comme celui-ci. Pour l’environnement je trie mes déchets et je fais attention à ce que j’achète comme mes vêtements ».

Pour lutter contre la pollution atmosphérique et réduire ses conséquences, nous pouvons également prendre les transports en commun ou faire du covoiturage. Christophe Legrand nous a expliqué en effet que « 80% des trajets en ville font moins de 3km » ! Une autre cause importante à traiter sont les déchets : même s’ils  sont incinérés et filtrés, ils polluent l’air, l’eau et le sol.  Toujours selon M. Legrand, pour y remédier, la seule façon est de produire le moins de déchets possible.

*GIEC : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat

Une enquête menée par Eva, Lilie, Ema (avec l'aide de Mme Detournay, Mme Merle et M. Lefebvre)